Tout d'abord, revenons rapidement sur les conditions qui ont permis à Emmanuel Macron d'accéder au second tour.
Si il y a un aspect médiatique qui a dominé la période précédent le 23 avril c'est sans conteste l'interminable séquence des affaires plombant la campagne de François Fillon.
Chacun se fera sa propre opinion sur le degré de culpabilité du candidat des Républicains mais on aura pu remarquer la constance avec laquelle les médias se sont appliqués à publier les informations relatives aux déboires du clan Fillon avec la justice.
La caste médiatique aurait souhaité créer un "climat" de défiance autour de Fillon qu'elle n'aurait pas agi différemment qu'en diffusant au compte-goutte le poison de la suspicion dans les veines de l'opinion publique.
Un comité de soutien qui sent bon la nouveauté. |
Pourtant les petites tambouilles familiales dont il est question ici n'ont rien en commun avec le gigantesque cadeau offert par Macron aux grands patrons du CAC 40 ou sa levée de fonds discrètement organisée par la banque Rothschild.
Mais tout cela intéressait finalement fort peu les médias.
Non, la façon dont s'est développée la campagne électorale laisse à penser que tout s'est déroulé afin de favoriser le candidat d'En Marche (oui, accusez-moi de complotisme !).
Sa triple proximité avec les milieux médiatiques (Pierre Bergé, en tête), bancaires (nul besoin de faire un dessin...) et d'affaires (Bébéar, Simoncini...) constituait un appui considérable face à un Fillon, certes très lié aux cercles affairistes (Henri de Castries, Ladreit de Lacharrière) mais beaucoup moins à celui des faiseurs d'opinion, si primordiaux quand arrive l'heure de monter sur le ring médiatique précédent une élection présidentielle.
Or, le principal obstacle de l'ex Rothschild sur la route de l'Elysée était l'ancien premier ministre de Sarkozy.
Un programme à peu près similaire et une quasi assurance d'avoir la préférence du vote traditionnellement porté à droite au second tour faisait de ce dernier un adversaire très coriace.
L'éliminer de la course était l'assurance de remporter l'élection, comme ça sera le cas dimanche prochain.
L'équipe Macron sachant fort bien qu'une finale Macron-Le Pen est gagnée d'avance en offrant un remake de 2002 avec la peur comme invitée spéciale (l'écart sera sans aucun doute bien moindre que le 82-18 de 2002 mais un 62-38 suffira largement au bonheur du protégé de Jacques Attali).
De la même façon, le match Macron-Mélenchon aurait tourné à l'avantage du premier nommé car sa capacité à aspirer les votes traditionnellement portés à droite et au centre sont sans aucune mesure comparable avec la possibilité d'attraction du second surtout concentrée sur la gauche de la gauche.
Les frères ennemis du libéralisme le plus décomplexé : il ne pouvait en rester qu'un... |
L'opération dynamitage de Fillon s'étant passée sans encombre, l'Elysée lui tendant les bras, voyons désormais à quoi pourraient ressembler les 5 prochaines années en Macronie, avec un programme que l'on imagine fort peu éloigné de ce qui suit (et de ce qu'aurait proposé Fillon) :
- d'une manière globale, uberisation de la société, libéralisation, déréglementation à outrance
- "simplification" du code du travail c'est à dire rognement des droits des travailleurs
- poursuite de la destruction des acquis sociaux
- détricotage des régimes spéciaux, de la Sécurité Sociale
- suppression de l'ISF
- augmentation de la TVA
- dynamitage des services publics
- cadeaux supplémentaires aux grandes entreprises et aux banques
- poids fiscal toujours plus lourd sur ce qui reste de classes moyennes
- transfert du pouvoir accentué vers les instances supranationales (Union Européenne, Banque Centrale Européenne en tête) et régionales (dans le cadre de la décentralisation décidée par Bruxelles)
- "avancées" sociétales, PMA, GPA, dépénalisation de l'usage du cannabis, euthanasie, transhumanisme.
- en matière de politique étrangère, alignement systématique sur l'OTAN et les USA au niveau mondial et sur les intérêts d'Israël au Moyen-Orient.
- privatisations
- politique migratoire dans la lignée de celle pratiquée ces dernières années, etc.
Je ne prétends évidemment pas à l'exhaustivité mais je vous donne rendez-vous dans 5 ans pour vérifier tout cela...
Evidemment, le succulent programme ci-dessus ne sera pas sans conséquence : nombre toujours croissant de travailleurs pauvres, société plus inégalitaire donc plus violente, communautarisation sur le modèle américain, classe moyenne se réduisant toujours plus, etc.
En marche donc.
Une marche funèbre.
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