Zbigniew Brzezinski est né le 28 mars 1928 à Varsovie.
Fils d’un diplomate polonais, professeur à Harvard, Baltimore ou Columbia, il est une des principales figures actuelles de l’idéologie mondialiste.
Zbigniew Brzezinski |
Conseiller à la sécurité nationale de Jimmy Carter entre 1977 et 1981, il a très largement contribué à mettre en place la stratégie extérieure des Etats-Unis au cours de ces dernières décennies.
Il est notamment l’architecte du « piège afghan » qui se refermera sur l’URSS et entraînera (avec l’adjonction d’autres facteurs) la chute de celle-ci en 1991 (la guerre contre l’Afghanistan s’étend de 1979 à 1989).
C’était un proche du milliardaire David Rockefeller (décédé le 20 mars dernier) avec lequel il est à l’origine de la création de la Commission Trilatérale en 1973.
On l’accuse parfois, à tort, de faire partie du courant néoconservateur qui regroupe de manière globale des défenseurs zélés de l’état d’Israël (deux exemples parmi d’autres : Paul Wolfowitz et Richard Perle). Ceux-ci s’appuient notamment sur la théorie du choc des civilisations de Bernard Lewis popularisée par la suite par Samuel Huntington.
Pour Brzezinski, l’important n’est pas Israël mais d’arriver à un état mondial globalisé en évitant les chocs frontaux et l’engagement militaire direct.
On peut déjà constater les différences en matière de politique étrangère entre l’administration Trump et celle de Barack Obama (dont l’oreille était attentive aux conseils du géostratège d’origine polonaise).
Obama et Brzezinski en pleine discussion |
La "patte" Brzezinski se faisait sentir sur l’orientation de la politique étrangère de l’administration Obama avec la part belle accordée aux actions discrètes (soutien aux « rebelles syriens » par les services secrets, aide logistique apportée à la France en Libye lors du renversement de Kadhafi, utilisation de drones pour des assassinats plus ou moins ciblés au Pakistan, en Afghanistan, au Yémen, en Somalie, etc.).
Sans même parler des évènements en Ukraine sur lesquels je reviendrai.
Il s’agissait d’évoluer dans l’ombre en s’appuyant sur des sous-traitants sur le modèle de la guerre Afghanistan/URSS sans jamais prendre le risque d’engager massivement les forces militaires.
Le retour aux affaires des néoconservateurs, notamment par l’intermédiaire de Jared Kushner, donne lieu à une politique étrangère beaucoup plus agressive (on a déjà pu le constater avec les 59 missiles envoyés sur la base aérienne de Shayrat en Syrie mais aussi avec le largage de "la mère de toutes les bombes" sur les grottes afghanes).
Sans parler des vives tensions avec la Corée du Nord.
On retrouve les vieilles habitudes bellicistes expérimentées pendant les mandats de George W. Bush.
Mais revenons à Zbigniew Brzezinski.
Dans son principal ouvrage « Le Grand Echiquier » (dont la lecture est primordiale pour connaître les orientations géopolitiques états-uniennes), Brzezinski identifie la Russie comme étant le principal adversaire à l’hégémonie américaine.
Pour cela, il prend appui sur la doctrine du britannique Halford MacKinder (1861-1947) qui théorisait l’opposition terre/mer et le rôle central joué par l’espace eurasien (le « Heartland »).
L’eurasie (donc la Russie) étant au centre du monde, « qui tient l’eurasie, tient le monde ».
Il conviendra donc de garder sous contrôle les pays européens et de repousser au maximum la sphère d’influence russe.
Or, l’Ukraine est une pièce de choix sur le grand échiquier brzezinskien.
Pour le stratège américain, faire sortir Kiev de l’orbite russe équivaudrait à donner un coup d’arrêt définitif aux ambitions internationales de la Russie.
Les évènements ukrainiens de ces dernières années résonnent d’une manière très particulière lorsqu'on a lu « Le Grand Echiquier »…
Brzezinski a également théorisé le concept de « tittytainment », une version moderne du « panem et circenses » antique, afin de maintenir dans une bienveillante apathie une très large partie de la population mondiale devenue inutile dans un monde envahi par la technique.
Pour résumer, Zbigniew Brzezinski est un des acteurs majeurs du mondialisme depuis maintenant plus de 40 ans.
Il fait partie de ces personnages que l’on connaît peu mais qui exercent une influence de premier ordre dans la marche des affaires mondiales.
Aussi, plutôt que de s’intéresser aux présidents élus, il convient de garder un œil attentif sur l’entourage de ceux-ci, sur les forces que Peter Dale Scott appelle « L’Etat profond » et qui perdurent quelle que soit la volonté exprimée par les urnes.
"Le marxisme est une victoire de la Raison sur la Foi (...), une étape vitale et créatrice pour la maturation de la vision internationaliste de l'homme."
[Z. Brzezinski, "Between two ages"]
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