lundi 2 août 2021

Pétain contre Hitler de Gabriel Jeantet

 


Un livre à lire si on s'intéresse à ce moment particulièrement trouble de l'histoire de France que représente la période de Vichy.


Quatrième de couverture :

"Minuit, l'instant des vœux. Le général de la Wehrmacht s'avance, un verre de champagne à la main : "A la santé, à l'honneur de votre grand Maréchal." Je lui réponds doucement : "A la mort d'Hitler." 


La politique du Maréchal Pétain est aujourd'hui vue de la manière la plus simpliste qui soit, Vichy n'étant aux yeux de la doxa et de l'histoire officielle (forcément mensongère car écrite dans un but permettant de justifier les politiques ultérieures) rien d'autre qu'un amas de collaborationnistes se complaisant sous la botte allemande. Mais la réalité était bien différente et cet ouvrage de Gabriel Jeantet le prouve de la manière la plus probante.

Jeantet y démontre toute la complexité de la situation de l'époque. Pétain n'était pas un collaborationniste zélé, il voulait par sa présence éviter des souffrances au peuple de France. Le Maréchal finançait notamment la résistance alsacienne (qui sait cela en 2021 ?), il souhaitait également la disparition d'Adolf Hitler et avait mandaté Gabriel Jeantet pour entrer en contact avec des "dissidents" de l'armée allemande (en lien avec l'amiral Canaris, responsable de l'Abwehr) qui souhaitaient également évincer un Führer aussi nuisible pour l'Allemagne que pour le reste du monde.

Cet ouvrage éclaire également sur la personnalité du Général de Gaulle : la rencontre de Paul Dungler (chef de la résistance alsacienne) avec ce dernier à Alger mérite d'être citée (page 93):


" Je me permets de me présenter, mon général; Paul Dungler, chef de la résistance alsacienne."

"Il me dit textuellement : "Oh ! Chef de la résistance alsacienne ! Peut-être un des chefs, et encore !"

"Alors j'ai répondu du tac au tac :

"Mon général, si vous êtes tant soit peu au courant des questions de France, vous devez savoir qu'il n'y a pas trente-six organisations de résistance en Alsace. Il n'y en a qu'une seule et c'est moi qui suis le patron !"

- Eh bien, qu'est-ce que vous venez faire ici ?

- Mon général, je suis venu organiser mes liaisons, mon commandement, mes fournitures d'armes.

- Et où en êtes-vous maintenant ?

- J'ai pratiquement fini." Et je voulais enchaîner, mais il s'est levé d'un seul bond avec une violence inouïe en criant :

- Partez ! Partez ! Foutez-moi le camp ! Sortez !

"Il m'a foutu dehors et la porte a claqué derrière moi. je n'avais même pas eu la possibilité de transmettre le message du Maréchal.*

"Je me suis retrouvé dans le couloir abasourdi et décontenancé."


* Le message en question était le suivant : "le Maréchal reporte sur la tête de Giraud et de de Gaulle le serment de fidélité qui lui a été prêté par les officiers; il les convie tous deux sous l'Arc de Triomphe à la libération de Paris, pour leur transmettre ses pouvoirs et célébrer l'union de tous les Français."


Episode ô combien révélateur de la personnalité du général de Gaulle qui privilégiera toujours son destin personnel à celui de la France (il est vrai que depuis son égo surdimensionné il se voyait comme étant la France...).


Ce livre est un document précieux pour bénéficier d'une vision moins manichéenne de l'histoire, pour mieux comprendre cette dernière et appréhender de façon rationnelle et non fantasmée Vichy et le Maréchal Pétain.



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