mardi 13 février 2018

Corse : le syndrome finlandais



Comme toujours, derrière les aspirations régionalistes : l'Allemagne et l'Union Européenne...



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Les revendications des nationalistes, maîtres de l’Assemblée corse depuis décembre 2017, peuvent être mieux cernées si l’on s’intéresse aux coulisses.


La récente visite du Président Macron dans l’île de Beauté n’a pas permis d’améliorer les relations de la République française avec les nationalistes corses. Ces derniers réclament l’amnistie des « prisonniers politiques », la co-officialité de la langue corse à parité avec le français dans tous les domaines, un statut de résident permanent en Corse après plusieurs années de présence sur l’île pour pouvoir devenir propriétaire (cinq à dix ans, selon les différents courants nationalistes) ; enfin, un statut donnant à ce territoire une autonomie plus grande, en particulier pour la fiscalité.

Lors de son discours du 7 février, le Président a affiché une fin de non-recevoir à ces revendications, en dehors d’une possibilité de retour des prisonniers sur l’île et d’une inscription de la Corse dans la Constitution. En réponse, le parti de Jean-Guy Talamoni a qualifié les propos du Président de « haineux, provocateurs et méprisants ». Les revendications des nationalistes, maîtres de l’Assemblée corse depuis décembre 2017, peuvent être mieux cernées si l’on s’intéresse aux coulisses.

En effet, nous retrouvons le corps de ces exigences lors d’un colloque organisé par un institut allemand siégeant à Flensburg et œuvrant en faveur du droit aux minorités : l’European Centre for Minorities Issues (ECMI). Fondé en 1996 par les gouvernements danois et allemand et le Land du Schleswig-Holstein, et travaillant en liaison avec l’Union européenne, l’ECMI a organisé, du 25 au 30 août 1998, sur les îles Åland, un colloque réunissant notamment son président de l’époque, Stefan Troebst, Frank Horn, du comité d’experts chargé de vérifier la bonne application de la Charte européenne des langues régionales, Pierre Joxe (plusieurs fois ministre de Mitterrand) et les principaux nationalistes corses – Jean-Félix Acquaviva, Paul Giacobbi, Philippe Peretti, Edmond Simeoni (le père de Gilles Simeoni) et Jean-Guy Talamoni -, évoquant alors le cas des « prisonniers politiques déportés en France ». Les Éditions Albiana, en liaison avec l’ECMI, publièrent les actes de ce colloque sous le titre « Autonomies insulaires, vers une politique de la différence pour la Corse ? ». Les îles Åland, finlandaises mais de langue suédoise, sont dotées d’une grande autonomie grâce à un Parlement régional compétent sur les aspects politiques, financiers, juridiques et linguistiques ; seules restent au pouvoir central finlandais les Affaires étrangères et la Défense. L’essentiel des demandes actuelles des nationalistes corses s’inspire largement du statut de « citoyenneté régionale » correspondant à un « droit de domicile » accordé aux Finlandais du continent à condition qu’ils connaissent le suédois et résident sans interruption depuis au moins cinq ans sur ces îles.

Ainsi, c’est un institut allemand, soutenu et financé par les gouvernements allemand et danois, et en liaison avec les instances européennes, qui a inspiré, encouragé les aspirations autonomistes de certains hommes politiques corses.




Pierre Hillard
Docteur en science politique et essayiste

Source : http://www.bvoltaire.fr/corse-syndrome-finlandais/ 

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